Une fondation mouvementée sur fond de scission entre les francs-maçonneries régulière et libérale
Le chapitre libre et souverain des Amis philanthropes (CLSAP) naît en 1961, dans le contexte conflictuel de la « question de la régularité ».
1959-1960 : éparpiller ce qui est rassemblé
C’est d’abord au niveau des ateliers bleus que la rupture se produit. En cause : le rejet de la convention de Luxembourg par le Grand Orient de Belgique. En 1959, plusieurs loges s’émancipent de celui-ci et partent se conformer aux principes de la régularité dans une nouvelle obédience : la Grande loge de Belgique, qui sera reconnue par la United Grand Lodge of England..
Les principes de la régularité maçonnique ont été établis en 1929 par la United Grand Lodge of England. En 1954, la convention de Luxembourg les érige en critères de reconnaissance internationale. Pour les obédiences qui ont évolué vers la franc-maçonnerie libérale, certains de ces principes sont devenus difficilement (ré)applicables, notamment l’invocation du Grand architecte de l’univers et la présence de la Bible en tant que volume de la loi sacrée. Au-delà de la régularité formelle, le clivage porte sur le caractère déiste ou adogmatique de la spiritualité maçonnique.
Le conflit se transfère ensuite au Suprême conseil de Belgique, la juridiction qui organise depuis 1817 le parcours post-maîtrise au rite écossais ancien et accepté . En 1960, celui-ci opte pour la régularité. Il dénonce le traité d’amitié qui le lie au Grand Orient de Belgique et impose à ses chapitres de n’initier au 4e degré que des maîtres issus de certaines loges, principalement celles qui sont en train de fonder la Grande loge de Belgique.
1961-1962 : nouveau chapitre, nouvelle juridiction
En réaction, une partie des membres du Suprême Conseil partent former de nouveaux chapitres et aréopages en dehors de la juridiction. C’est ainsi que le 23 février 1961, des transfuges du souverain chapitre des Amis philanthropes créent le chapitre libre et souverain des Amis philanthropes (CLSAP).
Le nouveau chapitre fait alliance avec d’autres ateliers dissidents et participe, le 9 novembre 1962, à la fondation d’une nouvelle juridiction : le Souverain collège du rite écossais rénové pour la Belgique. Cette nouvelle juridiction simplifiera son nom en 1974 pour s’appeler Souverain collège du rite écossais pour la Belgique (SCRE).
De par les motivations de cette scission, la nouvelle juridiction s’éloigne du rite écossais ancien et accepté et de ses postulats déistes. Ses ateliers développent une nouvelle approche de l’écossisme, résolument adogmatique, dans le cadre du rite écossais, sans qualificatif.
Le contexte conflictuel de cette fondation s’apaise à la fin des années soixante. Depuis, les relations du Souverain collège du rite écossais pour la Belgique avec les différents avatars du Suprême conseil de Belgique se sont normalisées. Les juridictions écossaises belges entretiennent désormais des relations cordiales, voire fraternelles.